Surprise aux élections autrichiennes !

Sebastian Kurz devrait revenir aux affaires
Aux dires de la plupart des analystes, ces élections législatives anticipées, après la chute de la coalition entre le parti conservateur (ÖVP) et celui de l’extrême droite (FPÖ), ne devaient pas changer grand chose. Le chancelier Sebastian Kurz, 33 ans, devait revenir au pouvoir avec un FPÖ affaibli et débarrassé de ses figures les plus radicales, à commencer par Herbert Kickl qui fut ministre de l’intérieur. Les résultats des élections ont été étonnants : alors qu’aux élections européennes, le FPÖ ne semblait presque pas atteint par le scandale d’Ibiza (17,2% au lieu de 19,7%), ils ont perdu dix points, passant de 26 à 16%. Les Verts qui avaient raté en 2017 la barre des 4% pour entrer au Parlement font un retour fracassant avec 13,8% des suffrages exprimés (ils ont plus que triplé leur score). Lire la suite
La bête immonde exposée
Coup de tonnerre dans la vie politique autrichienne ! Dans une vidéo dévoilée le 17 mai au soir par le Spiegel et le Süddeutsche Zeitung, on voit le leader de l’extrême droite autrichienne, Heinz-Christian Strache, négocier à Ibiza en juillet 2017 avec une femme présentée comme la nièce d’un oligarque. En échange d’un financement de son parti par des associations fantoches, il promet de l’aider à acquérir le principal quotidien du pays pour que celui-ci serve ses intérêts, et une fois au pouvoir, il annonce qu’il accordera des chantiers publics à des entreprises sous contrôle russe (voir la dépêche AFP correspondante parue par exemple sur le site d’arte). Peu avant 13h le samedi 18 mai, le vice-chancelier a démissionné de tous ses mandats politiques (au gouvernement au sein du parti). Son protégé, Johann Gudenus, actuellement chef du groupe parlementaire FPÖ, en a fait de même.
En direct sur France-Info le samedi 18 mai à 14h10, j’ai proposé quelques éléments d’analyse (mp3).
Kurz à Mauthausen – Résurgences du passé

Cas isolé n°3, un conseiller municipal envoie ses voeux pour Noël avec de la propagande nazie
Pas facile pour le jeune chancelier Sebastian Kurz de participer aux cérémonies marquant la libération du camp de concentration de Mauthausen, lorsque les liens entre son partenaire de coalition et des mouvements négationnistes ou néonazis sont de plus en plus évidents. La défense officielle du FPÖ, le parti d’extrême droite qui tenait un grand meeting le 1er mai à Linz (cf. ce billet), lorsque ces connivences sont exposées, est de considérer qu’il s’agit de « cas isolés ». Parmi les derniers, citons le beau poème sur les rats, publié le 20 avril dernier par un maire-adjoint de Braunau am Inn (ville où est né Hitler le 20 avril 1889). Dans ce texte tout en rimes, les rats autrichiens se défendent contre les rats d’origine étrangère. L’auteur n’évoque pas le terme habituel, « Migrationshintergrund » (contexte migratoire), mais un mot proche « Kanalisationshintergrund ». Tout le monde comprend la dimension raciste du poème. Lire la suite
FPÖ rally in Linz (1st of May 2019)

Harald Vilimsky, head of the list of the FPÖ for the European elections
The Austrian far-right party, FPÖ, held as usual a rally in Linz for the Labor Day, in the middle of a funfair. Next to the roller coaster and behind the Ferris wheel you could find the beer tent (Bierzelt) and from 9am to 1pm, more than thousands FPÖ activists and sympathisants. The leader, Heinz-Christian Strache, explained they were celebrating the Labor Day “as Austrian patriots, conscientiously in red-white-red because it the expression of [their] love to the fatherland” (see 1:19’30 in this video).
A few fotos and videos are sometimes better than words …
De Christchurch à l’Autriche, la même “bête immonde”
Le suprématiste blanc adepte des thèses de Renaud Camus sur le « grand remplacement » qui a assassiné en mars dernier 50 musulmans à Christchurch, a versé 1500 EUR aux identitaires autrichiens, tout en finançant également les identitaires français, pour ainsi dire la maison mère. Or, en Autriche, les liens entre les identitaires et le parti d’extrême droite actuellement au pouvoir avec les conservateurs, le FPÖ (parti libéral d’Autriche), sont clairement établis. Le vice-chancelier Heinz-Christian Strache tente désespérément depuis le début du mois d’avril de se désolidariser des identitaires, tout comme l’ensemble des cadres du parti, ce qui donne lieu à des entretiens assez cocasses, notamment dans l’émission politique ZIB2 du 2 avril dernier (tellement cocasses que sentant qu’ils avaient là une pièce d’anthologie, le site Stoppons l’extrême droite a décidé d’en publier la retranscription intégrale).
Le présentateur de l’émission, Armin Wolf, avait invité M. Strache mais ce dernier avait décliné, préférant envoyer au front Walter Rosenkranz, responsable du groupe parlementaire du FPÖ au parlement autrichien (ce dernier, membre de la corporation Moldavia, était déjà au centre du billet de ce blog consacré à une Plongée au sein d’une corporation étudiante autrichienne d’extrême droite). Lire la suite
Extrême droite autrichienne : jusqu’où ira la haine envers les musulmans ?
L’Autriche est célèbre pour ses marchés de Noël. Des touristes du monde entier s’y pressent et la capitale autrichienne, pourtant gouvernée par les socialistes, se fait discrète lorsque, dans une démarche fort peu chrétienne, elle interdit la vente du principal journal des sans-abris sur lesdits marchés (cf. ce billet). Régulièrement, ces marchés sont instrumentalisés par l’extrême droite qui insiste pour que la dimension chrétienne soit mise en évidence, mais pas dans le sens du partage. Pas question en république alpine d’évoquer un « sapin de Noël » (les Allemands parlent couramment d’un « arbre de Noël », Weihnachtsbaum) : ici on ne trouve que des Christbaüme, des « arbres du Christ » (cf. ce billet). De même, le marché de Noël s’appelle Christkindlmarkt : « marché de l’enfant Christ ».
La dernière trouvaille du parti d’extrême droite, le FPÖ (parti libéral d’Autriche) a été de critiquer la forme des stands sur le marché de Noël d’un arrondissement très populaire de la capitale, Favoriten. Lire la suite
La vie dans un pays où l’extrême droite est au pouvoir

Moins d’argent pour les étrangers, plus pour les Autrichien.ne.s, le gouvernement l’a fait !
L’extrême droite se partage le pouvoir en Autriche avec les conservateurs mais possède d’importants ministères régaliens, comme l’Intérieur et la Défense (voir ce billet). La question m’est souvent posée depuis la France, « Ca se passe comment en Autriche, avec l’extrême droite au pouvoir ? » Et bien, si au quotidien on ne remarque pas grand-chose – il n’y a bien sûr pas d’arrestation massive d’étrangers ni de groupes paramilitaires qui défilent comme avec le Jobbik en Hongrie –, on observe que les groupuscules proches de l’extrême droite ont le vent en poupe. A la sortie du métro par exemple, une revue comparable à Valeurs actuelles intitulée alles roger ? est distribuée gratuitement. Elle est sous-titrée « un format original [mode ‘paysage’ et non ‘portrait’] pour des esprits originaux ». Elle mérite d’être feuilletée… et la pile proposée aux passants mérite elle d’être placée au plus vite dans la poubelle à papier la plus proche. Lire la suite
Le FPÖ et l’idéologie nazie, des centaines de “cas isolés” ?

Photo © Bernhard Odehnal
« Einzelfall », en français « cas isolé », c’est la réponse des représentants du principal parti d’extrême droite autrichien, le FPÖ, lorsque, régulièrement, des proximités sont établies entre leurs membres et des glorifications du passé nazi du pays. Le Comité de Mauthausen, chargé de la mémoire du principal camp du pays, a ainsi publié l’an dernier une petite brochure de seize pages recensant 59 « cas isolés » survenus ces dernières années.
L’un des derniers « cas isolés » concerne l’hôtel Stefanie de Bad Vöslau, à une quinzaine de kilomètres au sud de Vienne. Bad Vöslau est une ville thermale très célèbre pour sa source et la ville a donné son nom à une marque d’eau très connue en Autriche, un peu comme Vichy d’ailleurs ! Lire la suite
Du NSDAP au FPÖ, au bal des chasseurs

Bauernbündler, 26.3.198, p. 2
Le principal parti d’extrême droite autrichien, le Parti de la liberté (FPÖ) a été fondé à Vienne le 7 avril 1956. Selon le politologue Anton Pelinka, tous les membres fondateurs à l’exception d’un seul étaient d’anciens nazis. C’est parmi ces fondateurs qu’on trouve le premier président du FPÖ, Anton Reinthaller, né à Mettmach, en Haute-Autriche, en 1895, et dont l’histoire est typique de l’Autriche. Dès le 11 mars 1938, il est nommé ministre de l’agriculture et des forêts dans le gouvernement d’Arthur Seyß-Inquart chargé de mettre en place « l’Anschluss » (le mois suivant il sera également député au Reichstag puis secrétaire d’Etat à Berlin). Dans l’édition du 26 mars 1938 du journal Bauernbündler, page 2, il est présenté comme ayant adhéré au NSDAP dès 1923, ayant « courageusement » poursuivi, dans une période de « résistance », la politique du parti lorsque le NSDAP était interdit en Autriche, de 1933 à 1938. Sur cette page du journal, la carte du Reich (ci-dessus) est éloquente.
Lorsqu’Anton Reinthaller préside le comité d’honneur du Bal des chasseurs, Lire la suite
Petit à petit en Autriche…

Le chancelier Sebastian Kurz (c) A. Halada / AFP
Pendant que le chancelier Sebastian Kurz (ci-contre) est reçu en France sous les ors de l’Elysée, voici quelques brèves nouvelles d’Autriche pour tenter de décrire l’ambiance délétère qui y règne, quatre semaines seulement après la mise en place du gouvernement alliant la droite à l’extrême droite (cf. ce billet).
Noël est une fête importante pour les Autrichien.ne.s, les marchés installés pour l’occasion constituent en eux-mêmes des attractions très prisées des touristes. Les groupes locaux du parti d’extrême droite ont été très engagés pour que l’appellation « Christkindlmarkt » soit respectée afin de rappeler l’importance de la culture catholique dans le pays (marché du petit enfant Jésus et non « Weihnachtsmarkt », marché de Noël ou, pire encore « Wintermarkt », marché d’hiver – c’est la même chose avec l’appellation des sapins vendus pour l’occasion). Le 24 décembre dernier, dans la charmante bourgade de Krumbach, en Basse-Autriche, Lire la suite
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