Corruption et manipulation mènent à la démission

Une descente avant de remonter ?
Samedi 9 octobre au soir, le jeune chancelier autrichien Sebastian Kurz a annoncé sa démission après trois journées mouvementées depuis la perquisition du siège de son parti, l’ÖVP (parti populaire autrichien), le mercredi 6 au petit matin, par le parquet anticorruption. Des documents saisis, il apparaît que dans le cadre d’un plan aussi ambitieux que détaillé visant à faire élire M. Kurz au poste de chancelier (bien décrit par l’hebdomadaire Falter), ses affidés ont mis en place une pratique régulière de corruption et manipulation avec le tabloïd Österreich.
Ce « Projekt Ballhausplatz » qui aurait en France pour équivalent un « projet Elysée », reposait en partie sur le placement d’encarts importants achetés dans ce journal, au nom des ministères dirigés par l’ÖVP (notamment celui de l’Intérieur), en échange de quoi ce quotidien devait publier des sondages biaisés en faveur de M. Kurz et se montrer très laudateur dans les commentaires sur ses déclarations (voir les SMS accablants reproduits dans le Standard). Lire la suite
Xénophobie banale du chancelier autrichien
L’Autriche a été plutôt épargnée par la première vague de Covid-19 du printemps dernier. Aujourd’hui, la situation est bien pire que celle qui prévaut en France ou en Allemagne (cf. graphe ci-dessous). A peine plus habile que Donald Trump accusant le « virus chinois » et appelant à ingérer de l’eau de Javel, le chancelier Sebastian Kurz a déclaré que la seconde vague était due aux immigrés qui vivent dans le pays ! Mercredi 2 décembre, dans un point presse sur l’épidémie, il a déclaré « Nous avons surtout ramené des infections dans le pays avec des gens qui sont partis dans leur pays d’origine pendant l’été. » (Wir uns insbesondere durch Menschen, die in ihren Herkunftsländern den Sommer verbracht haben, Ansteckungen wieder ins Land hereingeschleppt haben). Plus précisément, Kurz a évoqué les pays de l’ex-Yougoslavie, puisque (selon le service de statistiques) les Serbes, Croates et les Bosniaques sont respectivement 122 000, 84 000 et 97 000 dans le pays, soit 302 000 au total, devant les Allemands (200 000), suivis par les Roumains (123 000) et les Turcs (118 000).
Le service de fact-cheking de la ville de Vienne a mené l’enquête, les personnes revenant des Balkans à l’été 2020 comptent pour 2,85% parmi les personnes infectées à cette époque. La majorité d’entre elles étaient des touristes autrichiens. Mais bon, pour le chancelier, il faut bien tenter de siphonner le réservoir important de vote extrême droite…
Renforcement de la droite grâce aux Verts
En France, Yannick Jadot lance une opération de séduction vers la frange nationaliste réactionnaire Macron-compatible, sur le mode « Oui oui, il faut de la 5G, mais européenne et pas chinoise » (Cf. « [J]e suis convaincu que même la 5G pourrait contribuer à la transition écologique (…) Moi je ne veux pas de Huawei en Europe ») ! Rien sur le coût écologique de la 5G, sur les déserts numériques délaissés au profit des gogos qui pourront ainsi voir leur porno en 4k sur leur smartphone, rien sur les millions de téléphones qui vont être jetés, les autres millions qui vont être construits pour être compatibles, aux milliers d’antennes qui vont être montées, avec des effets sanitaires encore mal connus…
Pour voir à quoi ressemblerait un accord de gouvernement entre la droite (menée par E. Macron depuis son élection) et les Verts, il suffit de regarder en Autriche où une telle alliance préside aux destinées du pays depuis le début de l’année 2020.
Ce lundi 14 septembre, une session extraordinaire avait lieu au Parlement. Le site kontrast.at Lire la suite
Une conférence problématique sur l’antisémitisme

Sebastian Kurz, 21 novembre 2018
En Autriche comme en Israël, l’extrême droite est au pouvoir et occupe des ministères régaliens dans des gouvernements de coalition. Les traitements sont cependant bien différents et, à titre d’exemple, si, à gauche, l’indignation dominait – non sans raison – lorsque l’Autriche avait décidé de ne pas signer le pacte de l’ONU sur les migrations, personne n’a osé critiquer Israël lorsque, récemment, ce pays a pris la même décision. Si officiellement le gouvernement de Benjamin Netanyahu refuse tout contact avec l’extrême droite autrichienne du FPÖ, parti fondé, rappelons-le, par d’anciens nazis, il n’est pas question pour autant, pour ce gouvernement, de reprocher à Sebastian Kurz, le jeune chancelier autrichien de 32 ans, de gouverner avec ce parti. Bien au contraire, le chef du parti conservateur est qualifié par M. Netanyahu de « véritable ami d’Israël » et le 20 novembre dernier le Congrès juif européen a remis un prix à M. Kurz, reconnu à cette occasion comme « grand chef d’État ». Lire la suite
L’extrême droite au pouvoir en Autriche, plus forte que jamais

A. van der Bellen, S. Kurz et H.-C. Strache, 18.12.2017
On se souvient encore de la participation du parti de Jörg Haider au gouvernement, de 2000 à 2006, et du concert de protestations que cela avait suscité, tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, notamment au niveau européen, du moins jusqu’à ce que l’extrême droite se renforce en Italie. Cette fois-ci, suite aux élections législatives du 15 octobre dernier, l’extrême droite représentée par le Parti de la liberté (FPÖ) obtient le poste de vice-chancelier pour le président du parti, Heinz-Christian Strache mais aussi deux ministères régaliens, l’intérieur pour Herbert Kickl, l’idéologue représentant la ligne dure du parti (auteur des slogans comme « plus de courage pour notre sang viennois » ou « la patrie plutôt que l’islam ») et la défense pour Mario Kunasek qui dirigeait jusqu’alors le FPÖ d’une main de fer en Styrie. Et ce n’est pas tout, les affaires étrangères sont confiées à Karin Kneissl, une proche du parti qui explique par le niveau de testostérone des hommes musulmans la géopolitique du Moyen-Orient et le danger que représentent, selon elle, les demandeurs d’asile (voir son livre La testostérone fait de la politique, paru en 2012). Lire la suite
Coup de barre à droite et résurgence de vieux démons

S. Kurz le 15 octobre (photo JS)
Huit jours avant les élections législatives anticipées, le très jeune candidat conservateur Sebastian Kurz (31 ans) s’exprimait en ces termes, à Graz, dans la province de Styrie : « le 15 octobre sera aussi un référendum pour savoir quel style on veut dans ce pays, si on veut les Silberstein et les autres, ceux qui essayent de diffamer leur adversaire politique et de les réduire à néant (…). ».
« Les Silberstein »
Les électrices et électeurs ont bien sûr compris qu’il s’agissait d’une référence au conseiller israélien en communication et marketing politique, Tal Silberstein, arrêté le 14 août dernier par la police de son pays pour des scandales de corruption dans plusieurs pays. Ancien conseiller des premiers ministres Ehud Barak et Ehud Olmert, Tal Silberstein était aussi l’homme de confiance de nombreux dirigeants en Roumanie, en Ukraine (Ioulia Tymochenko) et depuis longtemps en Autriche. Lire la suite
Le grand sommeil
Le bâillement est sans doute la réponse la plus adaptée à l’annonce de la constitution du nouveau gouvernement autrichien, dévoilée au grand public le 13 décembre dernier après plus de deux mois de négociations portant bien davantage sur les noms et les ascenseurs à faire remonter que sur les idées ou les politiques à mettre en œuvre. Suite à la fin des « années Haider », marquées par une coalition entre la droite et l’extrême droite de 2000 à 2006, l’Autriche vit à nouveau depuis 2007 sous le régime traditionnel de la grande coalition, traditionnel car c’était déjà le cas sur deux longues périodes, 1945-1966 et 1987-2000. Alors que les deux grands partis, les sociaux démocrates du SPÖ et les chrétiens-conservateurs de l’ÖVP, n’avaient obtenu à eux deux, aux élections législatives du 21 septembre, que 50,9% des voix, score historiquement bas (voir mon analyse), les chefs de partis ont décidé de poursuivre dans la même voie, pour le plus grand bonheur de l’extrême droite qui risque bien, à ce compte, d’accéder au pouvoir aux prochaines élections. Lire la suite
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