Pour la liberté de la presse en Hongrie
Environ trois cents personnes se sont retrouvées devant l’ambassade de Hongrie en ce 14 janvier pour protester contre la loi qui muselle la presse dans le pays, entrée en vigueur au 1er janvier, lorsque la Hongrie a pris la présidence de l’Union européenne (cf. cet article de rue89). Au même moment, environ 15 000 personnes manifestaient à Budapest. A Vienne, il y avait une contre-manifestation de six personnes (vignette ci-contre). On lisait « Les Hongrois d’Autriche affirment: la loi sur les médias n’est qu’un prétexte, les banques et les suppôts de la mondialisation doivent laisser la Hongrie tranquille » (les lettres formaient les mot ‘bugs’).
Certains d’entre eux étaient des réfugiés de 1956, venus en Autriche pour échapper au communisme. La femme au chapeau de fourrure avait un chien qui aboyait en ma direction « c’est parce que vous avez un vélo, chez moi il a été embêté par un Rom à vélo ! » Ce fut l’occasion pour moi d’aborder le sujet même si c’est délicat avec quelqu’un qui considère que les « citoyens du monde » sont des gauchistes irrécupérables (elle me reprochait de me mêler à ce qui ne me regarde pas, car je ne suis pas hongrois, je lui ai dit que j’étais citoyen du monde et européen). Elle était d’un racisme effarant : « ce sont [les Roms] des assistés qui vivent largement avec de grosses voitures car aux aides de l’Etat. » La veille, j’avais publié sur mon profil Facebook le texte suivant… qui fait écho à ces propos :
Bonjour détresse…
Alors que l’office du tourisme de Vienne a lancé une campagne intitulée « Hello Vienna« , jeudi 16 décembre c’était plutôt « Bonjour détresse ». Un Égyptien de 39 ans s’est assis avec deux couteaux sur la voie du métro, à la station Landstrasse, sur la ligne 4. Auparavant, il a distribué des tracts expliquant son désarroi : après avoir rompu avec sa femme autrichienne (après plus de cinq ans de mariage), et bien que vivant depuis plus de 10 ans en Autriche, il se retrouve dans une impasse légale car la nationalité autrichienne lui est refusée depuis 6 ans. Sur son tract on pouvait lire : « le problème c’est cette loi merdique et injuste qu’on doit subir tous les jours, nous les étrangers » (Das Problem ist das Scheiße Ungerechtes Gesetz, des wir Ausländer jeden Tag schlucken« , sic.).
Avec les couteaux, il menaçait de se blesser. Le trafic a bien sûr été interrompu et des policiers sont intervenus. L’un d’entre eux lui a envoyé un coup de taser. 50 000 Volts. Il a été paralysé sur le coup et évacué… vers un hôpital psychiatrique. 😦 Là encore, les réactions des internautes sur krone.at ou oe24.at (le site du tabloïd Österreich), sont tout à fait abjectes, je n’ai pas le courage cette fois-ci de les traduire (cf. ce billet).
Un exemple de courage civique
La Cour européenne des droits de l’homme a accepté la requête de Georg Zanger, l’avocat d’Ousmane Camara, le 17/12. La mobilisation a été efficace ! 🙂
Ousmane Camara est un jeune Guinéen aujourd’hui âgé de 22 ans qui a été arrêté dans son pays à cause de son engagement politique. Pendant qu’il se faisait torturer, les militaires sont allés tuer ses parents. Il a demandé l’asile politique en Autriche, mais lundi 13 décembre, la ministre de l’intérieur a décidé de le renvoyer dans son pays, où la mort l’attend. Cette expulsion devait se faire en passant par la Belgique, pour bénéficier du réseaux FRONTEX visant à faire des économies d’échelle dans les expulsions. Une manifestation a été organisée le soir-même (grâce notamment au groupe No Border. No Nation. Stop Deportation. sur Facebook), devant le centre de rétention de la police (comme la dernière fois, lorsque des sans-papiers avaient été raflés au stade). Ousmane Camara a été l’objet de traitements dégradants de la part de la police (selon son avocat, il a été laissé nu, une journée entière, avec une caméra de surveillance dans la cellule). De nombreuses photos rendent compte de la manifestation de soutien (il y a aussi une vidéo).
Les policiers ont tout de même pu l’emmener à l’aéroport mais là – surprise – deux militants avaient réussi à acheter des billets sur le même vol et sont parvenus, en manifestant leur émotion, à empêcher le décollage !
Deux fillettes de 8 ans expulsées sans leur mère
(21.10) Les jumelles ont pu revenir avec leur père en Autriche le 21 octobre, avec un « visa humanitaire », valable six mois. La mobilisation a été efficace !
Le 5 octobre 2010, au petit matin, la police autrichienne, armée, est venue arrêter un Kosovare et ses deux filles âgées de 8 ans. C’était la Fremdenpolizei, police en charge des étrangers. Ces deux fillettes ont passé six ans en Autriche, parlent parfaitement allemand (et mal albanais), dans leur école tout le monde se félicite de cette intégration réussie (notamment grâce à cette association, Purple Sheep). Leur père dispose d’une promesse d’embauche, leur mère, victime de la guerre du Kosovo, souffre d’une grave dépression, elle est hospitalisée. La demande d’asile a été refusée, pour le ministère de l’intérieur, l’affaire est entendue.
Voilà ce qui s’est passé :
Les Roms en Autriche : un exemple à suivre !
Update avril 2014 : voir sur le sujet J. Segal, « Roms d’Europe : le cas autrichien », Les Temps Modernes, n°677, 69ème année, janvier-mars 2014, pp. 116-125 (PDF)
Bon, bien sûr, s’il est question d’exemple à suivre, c’est en référence à l’Autriche contemporaine de ces vingt dernières années, et pas à l’Autriche nazie. Aujourd’hui, ce que l’Autriche a accompli pour défendre les droits des Roms est exemplaire. Aucun bidonville dans le pays, il existe des émissions de radio et de télévision régulières, en romani, des enseignements dans cette langue… et des programmes assez efficaces de lutte contre la discrimination.
C’est d’abord une question de reconnaissance : depuis 1993, les Roms sont reconnus comme minorité, au même titre que les Slovènes de Carinthie et de Styrie, les Croates du Burgenland, les Hongrois du Burgenland et de Vienne, ainsi que les Tchèques et les Slovaques de Vienne. Ils disposent de ce fait d’une représentation au niveau gouvernemental et c’est M. Rudolf Sarközi qui dirige le groupe assurant cette fonction (cette homonymie m’avait amené en 2004 à publier un petit billet humoristique, « Longue vie au président Sarko !», Le Poivron, N° 66, décembre 2004, p. 5, reprise dans cet article du Monde). L’Autriche a ratifié en 2001 la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires reconnaissant le romani comme langue vivante du pays (avec cinq autres langues minoritaires). Comme l’Islande et l’Italie, la France a bien signé la Charte mais ne l’a pas ratifiée (cet article permet de faire le point, pays par pays).
Solidarité avec les Roms – Solidaritätskundgebung für die Roma
(Hier unten auf Deutsch) Environ 200 personnes étaient réunies samedi 4 septembre 2010 devant la représentation de l’Union européenne à Vienne, Wipplingerstr. 35. Le slogan était « Stop rassismus » et différents acteurs de la société civile ont pris la parole. Parmi celles-ci, Ceija Stojka, née en 1933, déportée dans trois camps de concentration… une figure marquante de la communauté rom en Autriche. La manifestation, autorisée uniquement sur le trottoir, était organisé par le groupe en charge des Roms au diocèse d’Eisenstadt. Mes photos sont ici.
Ca. 200 Leute waren am 4. Sept. vor dem Europahaus in Wien. Unter dem Motto « Stop Rassismus » sind viele VertreterInnen der Zivilgesellschaft zur Wort gekommen. Unter anderen Ceija Stojka, geb. 1933, in drei KZ deportiert. Meine Fotos sind hier.
Offizieller Aufruf: Eine Initiative engagierter Roma und Romnia in Wien ruft zur Solidaritätskundgebung gegen die Abschiebung von Roma aus Frankreich auf.
Die Abschiebungen von Roma in Frankreich durch Präsident Nicolas Sarkozy
« Longue vie au Président Sarko ! »
Ce billet concerne bien en premier lieu l’Autriche. Découvrant l’article paru dans Le Monde (édition du 19 août 2010), « A Vienne, le porte-parole de la communauté rom s’appelle Rudolf Sarközi« , j’ai pensé à ce texte que j’avais publié en décembre 2004, lorsqu’un certain Nicolas S. avait pris la tête de l’UMP : « Longue vie au président Sarko !« , Le Poivron, N° 66, décembre 2004, p. 5. Le titre se référait bien sûr au Sarközi autrichien, qui m’inspire bien plus de respect !
Sur les Roms en Europe, voir ce billet, publié sur ce blog en mai 2009, et ces deux articles rédigés avec Claire Lévy-Vroelant :
Genug ist genug!
Le mot d’ordre de la manifestation du 1er juillet était « Genug ist genug », quelque chose comme « quand ça suffit, ça suffit ! ». Environ 10 000 personnes étaient rassemblées sur la Ballhaus Platz, devant la chancellerie. Fin avril, la rafle de sans-papiers sur un terrain de foot avait déjà provoqué quelques manifestations (évoquées sur ce blog). Des représentants de cette fameuse ‘autre Autriche’, celle qui ne lit pas le journal de Hans Dichand (cf. billet précédent), avaient su faire preuve de courage civil pour tenter d’empêcher l’expulsion de deux Nigérians. Depuis, l’un des avocats qui avait aidé un expulsé dans ses démarches, Tim Außerhuber, a fait l’objet d’un plainte pour ‘aide à étranger en situation irrégulière’ ! On dirait du Besson, pas les mauvais films de Luc mais les lois scélérates d’Eric (évoquées dans le très beau film Welcome de Philippe Lioret. Cf. cet article du Standard, au sujet de ce scandale).
Raflés au stade !
Ce billet risquerait de donner des idées en France, où depuis le passage de M. Hortefeux au ministère de l’immigration et de l’identité nationale, on rafle les sans-papiers à la sortie des écoles. Le 29 avril dernier, ce sont deux joueurs du club de foot « FC Sans Papier » qui ont été arrêtés pendant leur entraînement, sur le terrain de la Marswiese, par pas moins de 130 policiers. Environ 250 personnes se sont aussitôt rassemblées devant le centre de rétention où ils ont été amenés et des manifestants ont réussi à crever les pneus de la camionnette devant les amener dans un autre centre. Il y a eu 42 arrestations. Le président de ce club, Di Tutu Bokasa, déplore déjà l’arrestation de 9 joueurs depuis le début de l’année. Les compte-rendus filmés sont éloquents :
(Petit apport aux débats sur l’identité nationale) Die Gefahr der Verknüpfung von nationaler Identität und Migrationspolitik
Frisch erschienen, « Ätzende Wolken über Europa – Die Gefahr der Verknüpfung von nationaler Identität und Migrationspolitik in Frankreich und Österreich », Raison, Dezember 2009 (3), S. 11-17 (mit Louise Beltzung geschrieben) S. 11, 12-13, 14-15 u. 16-17.
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