Le petit flambeau

L'Autriche vue par un universitaire français…

Six mois de détention préventive pour un jeune manifestant allemand

(c) photo de Matthias Cremer (Der Standard)

Josef S. (c) photo de Matthias Cremer (Der Standard)

Mise à jour, 19/8/14 : dans son jugement en première instance, le 22 juillet 2014, le tribunal de Vienne a condamné Josef S. à 12 mois de détention, dont huit avec sursis, il a donc été libéré le jour même.

L’Akademikerball, ce bal organisé chaque année, fin janvier, par le principal parti d’extrême droite, le FPÖ, a fait l’objet il y a cinq mois de vives contestations. Environ 6000 manifestants étaient encadrés par 2000 policiers et un quart du centre historique était bouclé et même interdit à la presse (cf. ce billet). Grâce à une question adressée à la ministre de la justice par le groupe parlementaire des Verts, on sait que suite aux manifestations du 24 janvier, près de 700 plaintes ont été déposées par le parquet : 517 pour atteinte à la paix publique (‘Landfriedensbruch’), 91 pour détériorations matérielles et 70 pour infraction à la loi interdisant le camouflage. On compte aussi quelques plaintes pour appartenance à une organisation criminelle ou terroriste, en vertu du redoutable paragraphe 278 du code pénal autrichien qui est à l’origine du procès contre les défenseurs des animaux qui s’est toutefois fini par une vague générale d’acquittements après des détentions provisoires abusives (cf. ce billet et cet article paru dans Le Monde libertaire).

Une seule personne a été arrêtée après les 549 contrôles d’identité de la fin janvier, un certain Josef S., étudiant de Iéna, 23 ans, accusé d’avoir porté atteinte à la paix publique (il risque pour cela jusqu’à deux ans de prison selon le §274 du code pénal). Il est supposé faire partie du Black Bloc, ce qui est pour le moins étrange car Josef S. est membre des Faucons rouges (Roten Falken), l’organisation de jeunesse du parti social démocrate allemand (SPD). De mouvance anarchiste, les membres du Black Bloc n’auraient jamais accepté un tel ‘réformiste’ dans leurs rangs. Le parquet ne semble pas avoir d’éléments sérieux à charge contre lui, juste un témoin, policier en civil, qui affirme l’avoir suivi et vu lancer une poubelle. Le témoin a produit un enregistrement audio, réalisé avec son téléphone portable privé, censé prouver que Josef S. aurait lancé des appels à la violence. Seulement, au bout de quelques semaines, les experts ont affirmé que ce n’était pas la voix de Josef sur l’enregistrement. Même chose avec les vidéos des caméras de surveillance ou les films réalisés par la police. Tout au plus voit-on Josef remettre une poubelle droite.

Manifestement, la justice autrichienne entend faire un exemple du cas de Josef. Il a le droit à une heure de sortie par jour, trente personnes en même temps dans une cour d’environ seulement 30m². Les détenus sont placés dans des cellules de 2, 4 ou 8 personnes, ils passent des heures à attendre, une odeur de tabac froid se répand partout, des cellules où la fumée de cigarette rend l’air irrespirable, une demi-heure de visite par semaine, avec une vitre le séparant de ses parents ou ses amis et un téléphone pour communiquer à travers la vitre (ce n’est seulement au bout de trois mois que les détenus peuvent espérer une unique « visite avec table », après il faut encore attendre trois mois). Surtout, dans le cas de Josef, son procès est sans cesse reporté. La dernière date prévue est le 21 juillet mais la détention préventive peut théoriquement être prolongée jusqu’à un an après l’arrestation (habituellement c’est jusqu’à six mois). Non, ceci ne se passe pas à Guantanamo mais à Vienne, en Autriche…

Sources et compléments

6 juillet 2014 - Posted by | Uncategorized | , , ,

Un commentaire »

  1. Les hooligans d’extrême gauche se croient au dessus de toute loi en pillant le centre ville de Vienne tous les ans au prétexte que c’est pour lutter contre la « peste brune ».

    On ne combat pas les idées qui ne nous plaisent pas (même si elles sont extrêmes) en cassant des vitrines ou du policier.

    D’autant plus que ces manifestants sont étrangers, ils arrivent pas bus entiers pour aller se défouler et libérer leurs bas instincts chez et sur leurs voisins. On manifeste dans son pays, pas chez les autres !

    Les autrichiens en ont marre de cela, on les comprend.

    Commentaire par Olivier | 10 juillet 2014 | Réponse


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