Le petit flambeau

L'Autriche vue par un universitaire français…

Autriche – Le plus grand crime de la Seconde République

« Pour une commission indépendante dont NOUS serions membres » (Vienne, le 18 décembre 2012)

Les enfants dont il est question sont les anciens pensionnaires des foyers autrichiens. Ils ont aujourd’hui 35 à 70 ans et pour la première fois dans l’histoire du pays, ils ont manifesté pour réclamer leur droits. Rassemblés sur l’emblématique Stefansplatz où trône la cathédrale Saint-Etienne, le cortège d’environ 100 personne s’est rendu au siège du SPÖ (le parti social-démocrate) puis devant le Parlement. Un livre de Hans Weiss, Tatort: Kinderheim, que l’on pourrait traduire par Scène de crimes, les foyers d’enfants en Autriche, sorti en septembre 2012, permet de dresser un bien sombre tableau. Environ 100 000 enfants sont passés en Autriche, après la Seconde Guerre mondiale et jusqu’aux années 1980 par les foyers d’enfants. La plupart étaient des enfants non désirés, parfois nés de père inconnu. Depuis deux ans, les révélations se succèdent et des récits d’une cruauté extrême commencent à émerger. Le livre de Hans Weiss se base sur 45 témoignages concernant 135 foyers. Il y est question de viols (collectifs ou pas), de mutilations, d’expériences médicales (pour le traitement de la syphilis à partir de contaminations volontaires au paludisme), d’humiliations systématiques, de travail forcé… et d’une impunité totale. Que ce soit dans les foyers gérés par l’État ou dans ceux qui dépendaient de la très puissante Église catholique, la cruauté était la même… et il est intéressant de constater que les sévices sexuels étaient surtout l’apanage des foyers catholiques.

Depuis deux ans, quelques petites commissions d’enquêtes ad hoc ont été mises en place, pour différents foyers, mais aucune instance nationale ne permet aux victimes de faire valoir leur droit. C’était là une des principales revendication des manifestants, avec la délicate question de la prescription. Dans bien des cas, il s’avère que les experts psychiatres rattachés aux différents foyers occupaient les mêmes fonctions à l’époque nazie. De nombreux directeurs de foyers ne se cachaient pas d’avoir appris dans la Wehrmacht les sévices qu’ils faisaient subir aux enfants. Lire la suite

18 décembre 2012 Posted by | Autriche, Catholicisme | , , | 8 commentaires