Un portrait de Staline à Vienne !
A Vienne, en 1913, le Café Landtmann et le Café Central, toujours en activité et situés à 300m l’un de l’autre, rassemblaient des personnes qui allaient bouleverser le XXème siècle. Freud (57 ans), alors déjà bien connu et respecté, Leon Trotski (34 ans), intellectuel russe réfugié et Adolf Hitler (24 ans), jeune paumé qui venait d’être refusé deux fois à l’université des Beaux-arts, fréquentaient le Café Landtmann alors que Josip Broz (futur maréchal Tito alors âgé de 21 ans), ouvrier de l’entreprise Daimler à Wiener Neustadt et Joseph Staline (35 ans, lui aussi réfugié russe) préféraient le Café Central.
En 1949, le jour où Staline a fêté ses 71 ans, la mairie sociale-démocrate de Vienne a fait apposer une plaque avec une sculpture de la tête de Staline à l’endroit où, de janvier à février 1913, cet homme a vécu. Il s’agissait à l’époque de l’appartement de deux émigrés russes, aujourd’hui c’est la « Pension Schönbrunn », Schönbrunner Schloßstraße 30. Staline avait une mission confiée par Lénine : observer la disparité ethnique dans la capitale de l’Empire austro-hongrois. Le fruit de ce travail fut son article « Le Marxisme et la question nationale ».
Du fait que le maire de Vienne de l’époque, Theodor Körner, s’était engagé à conserver cette plaque, la mairie actuelle estime ne pas pouvoir l’enlever et invoque l’article 19 du Traité d’État de 1955 (indépendance de l’Autriche) relatif à la conservation des monuments relatifs à la gloire des Alliés. Cependant, en 2012 une deuxième plaque a été ajoutée pour contextualiser et dédier ce monument aux victimes du stalinisme, ce qui peut paraître pour le moins étonnant. Les demandes de Nikita Khrouchtchev et Edouard Chevardnadze (ancien Président de la Géorgie) n’ont pas pu faire plier la mairie.
En Autriche, la même chose avec Hitler ne pourrait avoir lieu car la ‘Verbotsgesetz’ (« loi d’interdiction ») interdit la glorification du nazisme ou de ses représentants, ce qui peut se comprendre dans le pays des bourreaux. Ceci dit, cet hommage à Staline, l’un des derniers en Europe, peut surprendre plus d’un passant, à 400m du célèbre château de Schönbrunn visité par plus de 3 millions de personnes chaque année…
Sources et compléments
- Andy Walker, “1913: When Hitler, Trotsky, Tito, Freud and Stalin all lived in the same place”, BBC News, 18.4.2013
- L’article Wikipedia
- Kurt Palm, „Wo kaufte Stalin in Meidling ein?“, Der Standard, 27.8.2016)
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Effacer toute trace de l’histoire ne me paraît pas une bonne chose : juxtaposer une plaque en mémoire de toutes les victimes de Staline me paraît plus instructif pour les futures générations…..
Commentaire par mao | 29 Mai 2017 |
Jean-Noël Aquistapace A mon avis, cette plaque commémorative n’est pas « à la gloire de Staline ». Elle est un point de repère historique explicité par l’autre plaque à la mémoire des victimes du stalinisme. Devrait-on raser le Colisée à Rome sous le prétexte qu’on y a massacré des milliers d’esclaves ?
Commentaire par Jean-Noël Aquistapace | 31 Mai 2017 |