Le petit flambeau

L'Autriche vue par un universitaire français…

La route est longue mais 2015 approche

Le pofesseur d’anatomie Eduard Pernkopf (qui bien avant 1938 refusait les étudiants juifs) ouvre son cours le 26 avril 1938 en uniforme des SA

Depuis une quinzaine d’années, l’université de Vienne s’est engagée dans un programme de recherche ambitieux concernant son passé sous le national-socialisme. Quelques livres collectifs ont permis de poser les grandes lignes d’une histoire jusqu’à récemment très largement occultée… et des continuités sont apparues. Ces continuités s’observent après 1945, avec de nombreux professeurs ou directeurs d’instituts impliqués dans l’austrofascisme et le nazisme qui sont restés en place à l’université sans être inquiétés, mais les intervenants ont aussi fait état de continuités avec le passé car l’antisémitisme qui marque la période 1934-1945 existait déjà à la fin du 19ème siècle et s’exprimait dans la violence après la fin de la Première Guerre mondiale.

Une journée d’étude était consacrée le 11 octobre à la « longue ombre de l’antisémitisme », avec le sous-titre « discussion critique sur l’histoire de l’université de Vienne aux XIXème et XXème siècles ». L’organisateur de cette conférence, Oliver Rathkolb, a insisté sur la nécessité de placer cette journée dans le long XXème siècle (rendant hommage à Eric Hobsbawm qui évoquait lui le long XIXème siècle).
Reprenant les statistiques données par Lichtblau sur la part d’étudiants juifs dans les universités autrichiennes de 1863 à 1912, Rathkolb a pu observer que ces proportions n’étaient pas corrélées à l’importance de l’antisémitisme (même chose aujourd’hui sur le vote FN et la présence d’immigrés !). Lire la suite

15 octobre 2012 Posted by | Antisémitisme | , , , | Laisser un commentaire

Une maladresse inaugurale ?

Le Staatsoper en 1939L’institut d’histoire contemporaine de l’université de Vienne a organisé (en collaboration avec l’Institut français de Vienne, le Centre Arnold Schönberg, le ministère de la culture et l’Opéra de Vienne) un symposium sur « la musique, la politique et le national-socialisme en Europe » (ici le programme sur le site de l’Institut français).

Dans l’exposition (qui se tient du 11 mars au 10 avril), accompagnant ce colloque, on peut voir dans le détail comment, suite à l’arrivée des nazis à Vienne, la programmation de l’Opéra national (Staatsoper) a été modifiée (et les musiciens juifs rapidement limogés, cf. mon billet sur le concert du nouvel an). Le 17 mars 1938, c’est l’opéra du compositeur tchèque Bedřich Smetana, Dalibor, qui devait être joué. Pour ne pas froisser les nazis, puisque Smetana représentait l’aspiration à l’indépendance tchèque, c’est Fidelio de Beethoven qui fut choisi.

En raison des bombardements, dix années de travaux furent nécessaires pour reconstruire l’Opéra. Le 5 novembre 1955, soit quelques mois après la fondation de la Deuxième République (avec le départ des Alliés) le Staatsoper fut à nouveau inauguré (voir ces excellentes actualités d’époques). D’après vous, quelle fut l’oeuvre choisie ? Un opéra de Mozart ou un des nombreux autres opéras autrichiens ? Le Dalibor qui avait été déprogrammé en 1938 ? Non, ce fut… Fidelio ! Là encore, on m’accordera le droit d’y voir au moins une maladresse… inaugurale ?

12 mars 2011 Posted by | Autriche, Mémoire, Nazisme | , , , , , | Laisser un commentaire