Alexander Van der Bellen réélu dès le premier tour avec 57 % des suffrages
A l’Est de l’Europe des 27, et plus précisément en Autriche, rien de nouveau, le président soutenu par les Verts, Alexander Van der Bellen, rempile pour six ans. Si sa fonction est, comme en Allemagne, surtout honorifique, il est non seulement le chef des armées mais il peut aussi dissoudre le Parlement ou destituer le gouvernement. C’est également lui qui nomme le chancelier et valide le choix de ce dernier lorsqu’il forme un gouvernement, une attribution qui s’est révélée essentielle lors de la période d’instabilité politique qui a suivi l’affaire d’Ibiza, en mai 2019, puis la démission du chancelier Kurz, en octobre 2021 suite à des corruptions avérées.
Fin 2016, le vote avait été serré. Au premier tout l’extrême droite représentée par Norbert Hofer menait avec 35% des suffrages exprimés, contre 21% pour Alexander van der Bellen. Au second tour, le candidat écologiste ne l’avait emporté que par 54% des suffrages. Le score de 46% pour l’extrême droite était inédit dans l’histoire européenne… Cette année, les deux principaux partis de gouvernement, les sociaux-démocrates du SPÖ et les conservateurs de l’ÖVP avaient préféré ne pas présenter de candidats. Même les libéraux (NEOS) avaient renoncé à toute candidature. Il était donc assez certain que van der Bellen allait être réélu et tenant compte des nombreux votes par correspondance, il l’a été dès le premier tout avec 57% des voix.
L’extrême droite (FPÖ), rangée derrière Walter Rosenkranz n’a obtenu que 17,7% des suffrages, soit la moitié du score obtenu en 2006. Le parti reste très affecté par l’affaire d’Ibiza et si les principaux leaders du FPÖ ont tenté de récupérer le mouvement hostile à la politique sanitaire du gouvernement autrichien pendant la pandémie de covid, ils ont fini par se faire voler la vedette par un parti fondé à cette occasion, le MFG, acronyme signifiant « Humains, liberté et droits fondamentaux » (Menschen Freiheit Grundrechte). En septembre 2021, le MFG a d’ailleurs obtenu 6,2% des suffrages aux élections législatives de Haute-Autriche, ce qui lui a permis de bénéficier d’un financement fédéral à la hauteur de 1,15 million d’euros par an pendant cinq ans. Ils avaient également un candidat à ces élections présidentielles, Michael Brunner, qui a obtenu 2,1% des voix.
Âgé de 78 ans, Alexander van der Bellen rempile donc facilement pour un second et dernier mandat (la constitution limite à deux le nombre de mandats). Interrogés, des militants verts reconnaissent une certaine gêne à ce que ce soit un homme de 78 ans qui les représente. La photo des sept candidats : tous des hommes d’ascendance européenne, ne reflète pas la diversité du pays.
M. Van der Bellen a joué son image de rassembleur promettant : « expérience, calme et indépendance ». Quelques rares personnes se souviennent qu’en juillet 2017 M. van der Bellen avait décidé d’accorder au leader de l’extrême droite, M. Strache, la plus haute distinction du pays, « la grande décoration en or avec étoile » („Großes Goldenes Ehrenzeichen mit dem Stern“ – ce que son prédécesseur Heinz Fischer avait refusé). Qu’auparavant, en avril 2017, il expliquait que si « l’islamophobie » continuait à se développer, « le jour allait arriver où on allait devoir demander à toutes les femmes de porter le voile – toutes ! – par solidarité avec celles qui le portent pour des raisons religieuses. ». Et d’ailleurs, quelques semaines seulement après sa prise de fonction, en janvier 2017, au sujet des néonazis qui, chaque hiver, viennent danser la valse avec l’extrême droite européenne dans le palais présidentiel, sa réaction avait été « en quoi ça me concerne, laissez-les donc. »
Sources et compléments
Sur ce blog :
- Pourquoi si peu de vaccinations en Autriche ? (novembre 2021)
- Corruption et manipulation mènent à la démission (octobre 2021)
- La bête immonde exposée (mai 2019)
- Soulagement, oui, de quoi faire la fête, non ! (décembre 2016)
Et, paru ailleurs :
- « Une deuxième chance pour l’extrême droite », Le Journal du dimanche, 4 juillet 2016.
- « Autriche : Quand le nationalisme issu de l’extrême droite devient majoritaire », in Les Nationalistes à l’assaut de l’Europe, sous la dir. de Dominique Vidal, Demopolis, octobre 2020, pp. 39-45
Intervention sur RFI (extraits de l’entretien accordé à Daniel Vallot) : « Alexander Van der Bellen, le «papy écolo» réélu à la tête de l’Autriche »
PS/ Toujours « la folie des titres », même sur le bulletin de vote. En allant voter, j’ai d’ailleurs été annoncé aux assesseurs, à la lecture de ma carte d’identité autrichienne, comme « Docteur Ing. Segal » (titre de docteur et titre d’ingénieur).

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