Néolibéralisme 2 – démocratie 0 ou « De la banalisation du racisme politique »
Il y a cinq ans déjà, lors de la dernière campagne pour les élections régionales de Vienne, je notais que l’extrême droite avait le droit d’acheter la une d’un des quotidiens les plus lus du pays. C’est un effet direct du néolibéralisme qui peut être défini, simplement, comme l’extension du libéralisme aux domaines de l’activité humaine a priori non-marchands (ici les campagnes électorales, mais aussi les casiers à l’école, les musées, les théâtres, les centres pour demandeurs d’asile ou même la location de la Hofburg).
Des économistes autrichiens comme Friedrich von Hayek ont largement contribué au développement du néolibéralisme à travers l’Ecole de Chicago et, de façon très schématique, la doctrine pourrait se résumer à « moins d’Etat, plus de liberté pour laisser le marché réguler tous les secteurs de la société ». De ce fait, en Autriche, le financement des partis politiques et leur expression sont bien moins encadrés qu’en France. Pour commencer, les partis peuvent occuper tous les espaces publicitaires et se vendre dans l’espace public comme des lessives.
Aujourd’hui, rentrant d’un séjour en France, je vois sur une affiche publicitaire une publicité particulièrement haineuse envers les musulmans, à côté d’une publicité pour un marchand de meubles (ci-dessus). Avec les sociaux-démocrates, les conservateurs et les Verts : islam radical, avec l’extrême droite, « Notre patrie ».

Il est aussi écrit à la une du quotidien Österreich « Notre patrie ». A droite, « menace, l’islam radical » avec en-dessous une citation du candidat d’extrême droite « la protection de la patrie comme programme pour Vienne ». Trois mesures sont annoncées : « revenu minimum uniquement pour les Autrichiens », « logement en HLM, que pour les nationaux » et « une médecine de première classe au lieu des lits dans le couloir », allusion à une prétendue mauvaise gestion de la crise sanitaire actuelle, alors que l’Autriche s’en est très bien sortie (sans images de lits dans les couloirs d’hôpitaux).



Il y a dix ans, une autre affiche de l’extrême droite défendait le sang viennois… toujours ce même mélange de nationalisme et racisme, typiquement autrichien.
Complément : « Autriche : Quand le nationalisme issu de l’extrême droite devient majoritaire », in Les Nationalistes à l’assaut de l’Europe, sous la dir. de Dominique Vidal, Demopolis, mars 2019, pp. 43-52 (PDF). Nouvelle version à venir à l’automne 2020.
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passionnant, merci! Jacques