Le petit flambeau

L'Autriche vue par un universitaire français…

L’extrême droite au pouvoir, « on n’a rien vu venir »

rienvu

On n’a rien vu venir est le titre d’un livre destiné aux adolescents mais qui peut bien sûr être lu par tou.te.s. Il décrit une société imaginaire qui dérive vers le fascisme après la victoire, aux dernières élections, du « Parti de la liberté ». C’est justement le nom, en français, du parti d’extrême droite autrichien, le FPÖ…

Le livre a été publié en 2012 par Alice Éditions, et il vient d’être traduit, en raison de l’actualité politique en Autriche, par Margret Millischer aux Éditions Bernest (qui le proposent à 10 EUR en souscription, cf. ce PDF). La démarche rappelle celle de Franck Pavloff dans Matin brun de (Éd. Cheyenne, 1998) mais l’originalité est ici dans la narration : sept écrivaines ont décrit les conséquences de la mise en place du régime sur sept familles.

Il y a dans ce pays une tenue unique, un lever obligatoire tous les jours à 6h33 (sauf 7h le mardi !), un Ministère des origines nationales qui rappelle bien sûr celui que M. Sarkozy avait choisi (« Identité nationale »), un nuancier, véritable échelle de couleurs, de un à sept, pour classer les citoyens (à partir de 4 – « caramel » -, ça ne va pas du tout !), un Ministère de l’hygiène physique et mentale, un Ministère de la droiture qui délivre des « carnets du citoyen »… Bien sûr, les théâtres ont été fermés et des listes d’œuvres culturelles ont été dressées : tout ce qui n’y figure pas est interdit. La répression est implacable, il y a des « personnes inférieures » et un regroupement – euphémisme – des handicapés dans des centres spécialisés. Échapper aux « Vigilants » relève alors du parcours du combattant, ou plutôt du Résistant.

Bien que ces descriptions puissent inquiéter, l’écriture est enjouée, parfois même drôle, et les adolescents sont tout à fait susceptibles d’apprécier les histoires racontées. Les réactions des familles sont variées : fuir, résister, dénoncer, se résigner, collaborer…

Il s’agit en somme d’un livre qui, justement, « aide à voir venir » et dans lequel toute ressemblance avec des partis réels peut ne pas être fortuite.

17 décembre 2018 Posted by | Uncategorized | Laisser un commentaire