Encore un nazi citoyen d‘honneur d’une ville autrichienne
Amstetten, charmante bourgade de Basse-Autriche, est connue pour ses vignes, ses caves et surtout sa cave, celle de Josef Fritzl qui a défrayé la chronique en avril 2008. Cet honnête citoyen, bien intégré dans la société locale, avait séquestré et violé sa fille pendant 24 ans dans sa cave, engendrant sept enfants (cf. ce billet en anglais et cet entretien donné à La Voix du Nord). Trois ans plus tard, en 2011, la ville avait à nouveau été évoquée dans l’actualité internationale lorsqu’il s’était avéré qu’un certain ‘Adolf Hitler’ était toujours citoyen d’honneur.
Aujourd’hui, en avril 2014, c’est de Paul Scherpon (1890-1970) dont on parle, le représentant de la ville et ses alentours au parlement régional de 1938 à 1945 (il était ‘Landrat’, ce qui correspond aujourd’hui à la fonction de ‘Bezirkshauptmann’, responsable du canton). De 1955 à 1965, il était conseiller municipal et même premier adjoint au maire, pour le parti social démocrate, le SPÖ, dont il fut membre juste à la fin de la guerre. C’est pour ses fonctions électives qu’il fut nommé en 1967 citoyen d’honneur de la ville. En 2013, le conseil municipal a décidé de charger le Centre de documentation de la résistance autrichienne , le DÖW, spécialisé dans l’histoire de l’Autriche pendant la Seconde Guerre mondiale, d’établir un rapport sur les agissements et la conduite de Paul Scherpon pendant la guerre (pour 8000 EUR). Seul le FPÖ (principal parti d’extrême droite) s’était alors opposé à cette décision, officiellement car ce n’était « pas une priorité » pour les habitants.
La maire, Mme Puchebner (SPÖ), n’a pas souhaité rendre public le rapport mais une journaliste du Standard en a eu connaissance. Il en ressort que Paul Scherpon était membre du NDSAP dès 1933 et qu’en 1938, rendant compte des pogroms de novembre, il recommandait d’emprisonner les hommes juifs de 18 à 50 ans « pour éviter tout incident ». En 1940, il écrit à la Gestapo pour demander à ce qu’un camp soit construit pour « contrôler la plaie tsigane ». Concernant les Juifs de Hongrie utilisés autour de sa commune comme travailleurs forcés, il demandait à ce qu’ils soient mieux habillés pour qu’ils soient plus efficaces et craignant que les pauvres hères puissent susciter la compassion des riverains, il écrit en août 1944 au ‘Reichsstatthalter’ pour demander à ce qu’il soient internés dans un camp « sans que la population n’en sache rien ».
Paul Scherpon est toujours, à ce jour, citoyen d’honneur de la ville. Aujourd’hui encore, comme dans le cas d’Heinrich Gross, des membres du SPÖ ont du mal à faire face à ce passé. C’est pourtant plus que jamais nécessaire, au vu de ce qui se passe aujourd’hui en Europe.
Sources et compléments
- Sur ce blog : « La réaction des écrivains autrichiens à l’affaire d’Amstetten »
- Andrea Heigl, „Das braune Erbe der Amstettner Roten“, Der Standard, 14.4.2014
- Bernhard Torsch, « Nazi-Grotesken in Amstetten », 25.5.2011
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