Admirable Admiral !
Vienne est incontestablement une métropole culturelle de premier plan en Europe. La capitale autrichienne est surtout connue dans le monde entier pour ses opéras et ses musées, on trouve d’ailleurs sur ce blog quelques articles apportant un éclairage parfois original, que ce soit sur le très célèbre Concert du Nouvel an, la Konzerthaus, les années de Gustav Mahler à Vienne, le Leopoldmuseum, ou encore Klimt et Schiele. Toutefois, Vienne est aussi une ville de cinéma, avec son festival bien sûr, la Viennale, reprenant les meilleurs films sortis dans les grands festivals, mais aussi avec un bon réseau de salles classées « art et essai » (14 salles du réseau Europa Cinéma à Vienne, contre 23 à Paris et 18 à Berlin).
La spécificité de Vienne est d’abord qu’il y a quelques cinémas centenaires qui existent toujours (à Paris les plus anciens sont le Studio28, datant de 1928 et surtout le Louxor, en 1921, récemment rénové). Le plus vieux cinéma du monde continument exploité est d’ailleurs un cinéma viennois, le Breitenseer Lichtspiele. En 1905 les projections avaient lieu sous une tente et c’est quatre ans plus tard que le cinéma s’est fixé dans le quartier de Penzing, où il est toujours. Ce cinéma passe encore des films muets avec accompagnement au piano dans la salle !
Entre 1911 et 1914, pas moins de 102 cinémas ont ouvert à Vienne.Parmi ceux-ci, le cinéma Admiral, dans le septième arrondissement, qui a une programmation très éclectique, centrée sur les films récents mais aussi avec des festivals, comme le cinéma iranien en exil, du 29 janvier au 4 février 2014. L’Admiral est lié à l’histoire littéraire de l’Autriche : dans ses mémoires Arthur Schnitzler mentionne pas moins de 816 sorties au cinéma, la plupart du temps en compagnie de Clara Pollaczek, dans ce cinéma. Depuis 2007, c’est Michaela Englert qui préside aux destinées de ce cinéma et, à l’occasion du centenaire, une brochure sur l’histoire de ce cinéma a été éditée. A partir de 1932, une dénommée Margarethe Ebner, de confession juive, dirigeait le cinéma avec son mari Berthold. Ils furent expropriés le 4 avril 1938. Berthold fut envoyé à Dachau puis Buchenwald, tandis que Margarethe réussit à rejoindre l’Angleterre avec leur fils de deux ans. Ce fils, Henri, est revenu à Vienne en octobre 2013 pour fêter les 100 ans de cet admirable Admiral.
Sources
- Mirjam Marits, „Jubiläum: Das Admiral-Kino wird 100 Jahre“, Die Presse, 9.10.2013
- Sarah Ebner, “One family’s story of the Holocaust in film”, The Times, 28.11.2011 (et cette entrée sur un blog)
3 commentaires »
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émouvant!
merci pour cette info!
C’est drôle, je viens justement de terminer un papier sur les vieux cinés de Vienne 🙂
Encore un article passionnant Jérôme. De notre côté nous sommes très triste, le cinéma Gloriette Kino (Linzer Straße 2, 1140 Wien), dans lequel nous avions eu grand plaisir à fêter les 7 ans de notre fille et dans lequel nous allions aussi au cinéma, est fermé.