Carton rouge pour la carte « rouge-blanc-rouge »

En signe de protestation devant l'aggravation des droits des enfants, des organisations humanitaires ont déposé des peluches devant le ministère de l'intérieur (photo Mathias Cramer)
Les Autrichiens sont souvent enclins à reprendre chez eux ce qui se fait aux États-Unis. Ils sont déjà tellement fiers d’avoir eu jusqu’en janvier dernier un de leur ressortissants comme gouverneur de la Californie… qu’ils ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Les États-Unis disposent d’une « green card » pour appliquer leur conception de l’immigration choisie ? Et bien qu’à cela ne tienne, l’Autriche s’équipera dès cette année d’une carte aux couleurs de son drapeau, la « rot-weiss-rot-card ».
Cette carte rouge-blanc-rouge va être introduite dans un nouveau dispositif législatif qui comporte d’autres articles méritant l’attention. Le paragraphe 79 stipule par exemple que la détention des enfants étrangers devient « proposée » aux parents… et qu’en cas de refus les parents sont privés de leurs enfants ! Les conditions de ressources sont aussi réévaluées de façon continue et de ce fait, un étrangers qui, suite par exemple à la naissance d’un enfant, tomberait sous le seuil de pauvreté, défini en fonction du revenu « par tête », devient immédiatement expulsable !
Même chose pour celui ou celle qui perdrait son emploi. On imagine l’angoisse que cela crée pour les 150 000 étrangers non Européens vivant en Autriche avec une seule autorisation provisoire de séjour. D’autant plus que dans bien ces cas, le paragraphe 45 prévoit une expulsion rapide sous sep jours. Attention, la Fremdenpolizei a ouvert la chasse(*) (littéralement la Police des étrangers » – il fallait oser !)
Par contre, lorsque – sans avoir commis le moindre délit autre que d’être demeuré sur le sol autrichien –, un étranger est placé en centre de rétention, il peut y rester jusqu’à 18 mois contre un mois en France (32 jours), six semaines aux Pays-Bas et deux mois en Espagne ou en Irlande. En 2010, il y a 5000 expulsions à Vienne…
Et il ne faut pas compter sur la mansuétude des autorités. Le 27 janvier, une prostituée nigériane qui avait eu le courage de dénoncer le réseau qui l’exploitait depuis 2003 a été remerciée pour sa collaboration par un aller simple pour Lagos ! Là encore, une HONTE, indignez-vous ou « empört euch », au choix !
Sources
- Irene Brickner, « Schubhaft für Kinder als « Angebot » an Eltern », Der Standard, 8 février 2011
- Corinna Milborn, « Österreich: ein Staat als Handlanger der modernen Sklavenhändler », News, 27 janvier 2011
- Alexander Pollak (SOS Mitmensch), « Betreuen statt verfrachten », Der Standard, 3 février 2011, p. 30
(*) alllusion à ce titre du Ministère des Affaires Populaires qui – hélas, mille fois hélas – n’a rien perdu de son actualité depuis 2008 et concerne maintenant de nombreux pays européens (il faudrait juste actualiser pour le cas français, puisque le quota d’étrangers à rafler a été fixés à 30 000 et non plus 25 000).
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Belle découverte que ce Ministère des Affaires Populaires!
Tant qu’on (souverainement?)légifère les droits du sol sur des critères d’inégalités (seuil de pauvreté ou non accès à l’emploi, part exemple), on aura malheureusement toute les peines du monde à restaurer l’égalité des hommes! La liberté en souffre (expulsion, surveillance etc…) et la fraternité est simplement mourrante.
Ton article m’a « inspiré ». Je m’indigne alors contre la pauvreté sur ce billet: http://nicowien.wordpress.com/2011/02/11/se-desintoxiquer-cest-la-panacee/
Pour grandir ensemble, il faut non seulement tirer ceux qui sont dans le besoin vers le haut, mais aussi que ceux qui ont « tout » se penchent!
« Le paragraphe 79 stipule par exemple que la détention des enfants étrangers devient « proposée » aux parents… et qu’en cas de refus les parents sont privés de leurs enfants ! »
Là, je ne saisis pas bien. La détention de quoi? De la carte?
Pour le reste, c’est malheureusement limpide.
Les mauvais jours finiront (enfin, il faudra qu’on les aide à finir).
Merci pour l’intérêt que vous portez à ce blog.
détention = placement en centre de rétention.
Avant, les familles n’étaient pas incarcérées, il y avait des centres d’accueil ouverts, gérés par des associations.
Maintenant, avec cet article, on met les parents en prison et on leur « propose » de garder leurs enfants dans des cellules familiales, sinon ils sont placés dans les équivalents de DDASS.
Bien cordialement,
JS