Contre le monopole de la culture juive à Vienne
Fünf Seiten in der Gemeinde Nr. 683, Dez. 2010, S. 8-12 (S. 8-9, 10-11 u. 12)+ Stefan Grissemann, « Mehr als eine Religion« , profil, 10.1.2011
Le Festival du film juif de Vienne débute mercredi 24 novembre mais, comme souvent, il fait déjà parler de lui. L’hebdomadaire profil a sorti le 22 novembre un article intitulé « Mise sous tutelle de la part de la communauté » (ci-contre). En janvier 2009, j’avais consacré un billet aux relations difficiles entretenues par ce festival (que je soutiens activement) avec la représentation officielle de la communauté juive en Autriche (IKG). Dans une tribune publiée dans le mensuel de l’IKG, M. Fastenbauer, “secrétaire général aux affaires juives” (sic) de cette institution, s’en prenait en des termes d’une violence inouïe aux organisateurs du festival. Selon lui, ce festival devrait s’appeler « Festival du film palestinien », simplement parce que sur les 35 films présentés, trois étaient (co-)réalisés par des Palestiniens.
Mais cette année, ce sont deux films sans rapport avec le conflit israélo-palestinien qui posent problème à M. Fastenbauer : Fucking Different Tel Aviv, présenté au dernier festival de Berlin dans la section Panorama (il s’agit d’un ensemble de courts-métrages), et Covenant: Women, God and all Between, qui traite des relations qu’entretiennent les mères avant la circoncision de leur bébé. Selon M. Fastenbauer, ces films risqueraient de heurter le sentiment religieux des membres de la communauté, à un point tel que le directeur du festival, Frédéric-Gérard Kaczek, n’a pas eu le droit d’acheter un encart publicitaire pour annoncer le festival dans le journal de la communauté. Dans l’article du profil, l’IKG se défend en expliquant qu’ils représentent une communauté religieuse. « Nous ne sommes pas un club juif de pétanque », ajoute-t-il. Seulement, si l’on regarde le contenu de leur revue, Die Gemeinde, on constate que fort heureusement ils ne traitent pas que des affaires religieuses. Il leur semble simplement plus important d’écrire de longues pages sur les résultats de l’équipe « juive » de basket (Hakoah) ou sur les ventes de cadeaux pour Hanoucca. Pire encore, les responsables de l’IKG reconnaissent dans l’article qu’ils n’ont même pas vus les films incriminés ! Convenant n’a d’ailleurs rien de dérangeant sur la circoncision, alors que le film Cut, que les censeurs semblent avoir oublié, est bien plus critique vis-à-vis de cette forme de mutilation génitale.
Avec cette forme insidieuse de censure, l’IKG s’arroge le droit de définir ce qui est juif et ce qui ne l’est pas, agissant à l’encontre de l’esprit du Festival, dont la raison d’être est, justement, de montrer la richesse de l’identité juive. Cette étroitesse d’esprit n’est pas à leur honneur.
Compléments
- Gespräch mit der Leiterin des Festivals, Monika Kaczek, am 23.11.2010, auf Ö1 Mittagsjournal (mp3)
- Jüdisches Filmfestival Wien 2010, Kleine Zeitung, 22. November 2010 (d’après la dépêche APA, reprise également par l’ORF le 23, ici)
- Michal Kraßnitzer, « … und sei ein Mensch« , Die Furche, 22. November 2010
- Jüdisches Filmfestival: Zwischen Geschichte und Jetzt-Zeit, Die Presse, 24.11.2010
- « Herren mit Hut und Waffe« , Der Standard, 25.11.2010
- Alexia Weiss, « Keine Morde gibt es am Schabbat« , Wiener Zeitung, 4.12.2011
- Edlinger, Thomas and Stefan Grissemann (2005) Anschlagskultur – Der palästinensische Selbstmordattentäter-Film ‘Paradise now’ sorgt für Zündstoff – auch in Wien. Profil 36, no. 45: 196-201 (HIER UNTEN!).
Et aussi (par ordre chronologique) :
« Cinéma juif à Vienne », L’Arche, n°587, mars 2007, pp. 108 et 109
« Jüdisches Filmfestival », Illustrierte Neue Welt, Dez. 2007 / Jänner 2008 (Teil 1, Teil 2 und hier unzensierte Fassung)
Sur ce blog: in memoriam Claude Berri, en souvenir de sa venue au festival.
« La culture juive en Autriche, absence de présence et présence de l’absence« , Les Temps Modernes, mai-juillet 2009, pp. 90-98
« Identities and Politics at the Vienna Jewish Film Festival », in Film Festival Yearbook 2: Film Festivals and Imagined Communities , edited by Dina Iordanova and Ruby Cheung, St Andrews Film Studies, 2010, p. 198-217 (PDF)
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Sorry Jerome but I don’t see it that way. The IKG is primarily a religious organization as they claim here and it is perfectly legitimate for them to decline to sponsor film that they think offend their religious principles. Other Jews like us can disagree and we are free to support the festival–and agitate within the IKG to change its policy. But the IKG doesn’t claim to speak for us and is not obligated to sponsor or fund the festival. And not doing so doesn’t constitute censorship in any way, calling for the authorities to shut the festival down would be censorship, not sponsoring it is exercising their own free choice.
Thanx for your comment, Stan. The thing is that the festival never asked for any financial support. The festival director asked the permission to send the program at his own cost to those who receive the community journal. It was refused. In the same way, the director wanted to pay for an advertisement in the journal, it was also refused. More important, the IKG is trying to systematically discredit the festival, this is how the Israeli Embassy stopped for a while to support the festival (they usually help for the shipping of films from Israel). As the Ambassador explains in the profil article (see copy in my entry), he regrets this and the relations between the festival and the Embassy are fine again. Last but not least, in a historical perspective, the IKG did not accept that the festival show Palestinian films (Like Paradise now). It is not true that Paradise now or even the two incriminated films would hurt any religious believe. The result of this aggressive policy is that the IKG is willing to have the monopole of any Jewish expression. In this column, Mr. Fastenbauer is denying the right to the festival to call itself Jewish. I think it’s worrying. Don’t you think so?
La circoncision est une « forme de mutilation génitale » ?????? Quand on lit les tissus d’âneries débitées par des « penseurs » pseudo juifs comme toi et ton ami Shlomo Sand on ne peut que féliciter les institutions juives qui représentent, elles, des milliers de personnes de dire ce qu’elles pensent. Prétends tu avoir le monopole de l’expression concernant le Judaisme alors que tu ne représentes que toi même ? Alors ne critique pas les institutions juives qui en représente des milliers de s’exprimer. Cesse de jouer ton rôle de caution juive à l’antisémitisme et à la haine de ton peuple. C’est toi qui force les autres à te hair parce que c’est toi même que tu critiques quand tu critiques la communauté juive institutionnalisée à l’attention des goyims. Si tu veux changer la communauté juive adresse toi à des Juifs mais ne poussent pas des Chrétiens à agir contre eux car ils agiront contre toi aussi car pour eux tu fais partie d’eux.