Un vocabulaire nazi bien assumé
Niki Lauda est l’un des Autrichiens les plus adulés dans son pays. Après sa carrière de formule 1, il est devenu un homme d’affaires, à la tête aujourd’hui d’une compagnie à bas prix. Il occupe régulièrement la une des journaux, lorsqu’il se remarie, lorsqu’il reçoit un rein de son frère ou son amie, à la naissance de ses enfants ou simplement pour donner son avis sur le nuage du volcan islandais, bref, c’est une star locale qui bénéficie d’une très large audience.
Samedi 15 mai, commentant le Grand-Prix de Monaco pour une chaîne privée allemande, il a parlé d’un pilote polonais en utilisant la dénomination très péjorative, « Polacke », qui avait cours à l’époque nazie (permettant la rime entre « polonais » et « cafard (Kakerlake) »).
La traduction à partir de 00’16 : « Pour la deuxième place, ce sera la lutte entre Sebastian et le polack » (Sebstaian Vettel étant allemand, il est appelé par son prénom, alors que Robert Kubica est le « polack »). Ce qui est intéressant c’est que le journaliste l’a interrompu, « Je suis désolé, mais le choix des mots… » et Lauda d’ajouter, calmement, « En Autriche ce sont les polacks, mais c’est amical bien sûr » et le journaliste de conclure : « Non, mais s’il vous plaît… »
C’est un très bon ami (autrichien et francophile) qui m’a alerté, évoquant « M. Lauda qui se révèle hélas comme un Autrichien ‘typique' » et ajoutant « je pensais que ça pouvait t’intéresser dans le cadre de tes études sur l’homo austriacus dont tu brosses si souvent le portrait dans ton blog ». Comme en français, le mot « polack » n’est pas aussi connoté, j’ai attendu de trouver des sources polonaises, histoire de voir si les Polonais avaient été offensés (cf. ce billet sur le sens de « Nacht und Nebel » en allemand, aujourd’hui). La réponse est sans ambiguïté, aussi bien dans les commentaires sous Youtube (cliquez sur la vidéo ci-dessus), ou sur ce site polonais. Le Bild Zeitung (tabloïd allemand populiste) évoque un faux-pas et un forum de formule 1 a laissé voter ses participants… avec le titre « Niki Lauda parle sans langue de bois ».
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tres beaux site
en français, c’était aussi utilisé quand j’étais plus jeune (fin des années 60), de la même façon que rital ou portos. Dans la bouche des jeunes ce n’était que la répétition de ce qu’ils entendaient mais ça sonnait déjà « môche ». Avec du recul, ça sonnait comme : »les étrangers qui viennent travailler chez nous » c’est à dire les français et sous entendu pure souche qui ne se salissent pas les mains et la figure dans les mines, qui travaillent sur les chantiers de construction tels les portugais qui fuyaient les colonnels ou les espingouins le franquisme. Le plombier polonais est une variante du 21ème siècle pour parler de l’immigrant économique dans une Europe tantôt bonne tantôt mauvaise pour le citoyen « moyen » écrit par des journalistes qui pour certains auraient bien utilisé « polack ». En anglais c’est quand même défini comme « argot désobligeant ou offensant ». La référence au cafard est vraiment môche, l’origine nazie devrait convaincre certains de ne plus l’utiliser même en français. En tant que français d’origine asiatique, quand j’étais gamin et qu’on me traitait de chinetoque cela me hérissait, maintenant je m’en fiche car cela n’est rien d’autre qu’une façon de dire chinois sans le prononcer correctement comme si un anglais disait un franchite sans pour cela se référer à un fumeur de « merde ». Du coup frenchy devient sympa et même froggies, il est vrai que la métamorphose de grenouille en prince est plus appréciée que celle en insecte.